Le graffiti : de l'acte de rébellion à l'art urbain reconnu
Des fresques préhistoriques aux murs des métropoles modernes, le graffiti a traversé les âges pour s'imposer comme une forme d'expression artistique et politique.
Karine
10/14/20242 min lire
L'histoire du graffiti remonte bien plus loin que les tags modernes des métropoles. Les premières formes d’art mural apparaissent dès la Préhistoire avec les peintures rupestres des grottes de Lascaux et d’Altamira. Ces fresques, réalisées il y a environ 17 000 ans, représentent des scènes de chasse et témoignent déjà du besoin humain d'expression visuelle. Au fil des siècles, les civilisations anciennes comme l’Égypte, la Grèce et Rome perpétuent cette tradition en décorant leurs temples et palais avec des fresques et des bas-reliefs. Ces œuvres, souvent à but religieux ou historique, constituent les prémices de l’art mural contemporain.
Le graffiti moderne émerge dans les années 1960 à Philadelphie, où un adolescent surnommé Cornbread marque les murs pour se faire remarquer. Très vite, New York devient le berceau du mouvement dans les années 1970 avec des figures comme TAKI 183, pionnier du "tagging" dans les rues et le métro. Ce geste simple, consistant à signer son nom sur des surfaces publiques, devient un symbole de reconnaissance dans les quartiers défavorisés, et se propage rapidement à travers la ville. Le graffiti évolue alors, passant du tag basique à des compositions plus élaborées et colorées, soutenues par l’essor des bombes aérosols.
Dans les années 1980, des artistes comme Jean-Michel Basquiat et Keith Haring aident à légitimer le graffiti en le propulsant des rues vers les galeries d’art. Leurs œuvres, tout en conservant l’énergie brute du graffiti, abordent des thèmes sociaux et politiques. En 1984, la publication du livre "Subway Art" par Martha Cooper et Henry Chalfant permet d’internationaliser le mouvement, en documentant cette culture urbaine pour un public plus large.
Dans les années 1990, l’artiste britannique Banksy redéfinit le graffiti en utilisant des pochoirs pour diffuser des messages subversifs et critiques envers les systèmes politiques et sociaux. En parallèle, Shepard Fairey se fait un nom avec sa campagne "Obey Giant", puis devient mondialement célèbre avec son poster "Hope" lors de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008.
Aujourd’hui, le graffiti, autrefois vu comme un acte de vandalisme, est largement reconnu comme une forme d’art. Des festivals d’art urbain sont organisés dans les grandes villes du monde, et des artistes comme JR et Os Gêmeos créent des œuvres monumentales qui transforment l’espace public en véritables galeries à ciel ouvert. Le graffiti, entre rébellion et expression artistique, continue de refléter les enjeux de notre société tout en embellissant les murs des villes.